Nous avions évoqué dans l’un de nos précédents articles, une exposition sur Renoir qui s’était déroulé à l’Art Institute of Chicago, je vous propose donc aujourd’hui de nous intéresser de plus prés à cette ressource tentaculaire en ce qui concerne la peinture impressionniste et également tout à fait représentative de notre étude sur les Digital Humanities.
L’Art Institute of Chicago abrite l’une des plus importantes collections d’art des Etats-Unis, elle comprend environ 300 000 œuvres d’art dans sa collection permanente réparties dans onze départements différents. La visite s’organise autour de 8 bâtiments (pas moins que ça) au cœur même de Chicago. Ouvert au public depuis 1879, ce musée est particulièrement renommé pour son impressionnante collection de peintures impressionnistes et post impressionnistes. Pour avoir plus d’informations sur ce musée et son contenu, il vous suffit de cliquer sur l’onglet About situé en bas de l’interface du site dans un menu horizontal. Un sous menu s’ouvre alors sur la gauche et vous aide à cibler vos recherches, il vous offre une grande palette d’informations sur le projet : un bref historique, des renseignements sur la collection, les différentes activités du musée (un planning des évènements en cours ou à venir est notamment disponible), ceux qui y travaillent et dans quel but etc. L’introduction est rédigée par le Directeur du musée lui-même. Il insiste sur les changements qui ont été opéré pour moderniser considérablement le musée et dont le site internet n’est qu’un exemple, une facette. On nous dit : « Nous vous encourageons à parcourir notre site comme si vous parcouriez notre galerie, en faisant des connexions et des découvertes ». Pour une entrée en matière, c’est plutôt prometteur et cela attise ma curiosité.
En amont, ce sentiment positif est renforcé par la découverte de l’interface qui est à mon goût, je l’avoue, extrêmement attrayante. Le design est moderne, les couleurs choisies sont harmonieuses et apportent de la fraicheur et de la clarté à cette page d’accueil. L’information disponible est concentrée sous forme de 7 onglets définis par des mots « explicites » placé sur un fond gris clair et des touches de brun. Cela permet à l’internaute de ne pas être enfermé dans un trop plein d’informations dés l’entrée sur le site. Il suffit par la suite de glisser sa souris sur l’un des onglets pour qu’il soit mis en avant par un rouge éclatant, un menu déroulant pour chaque onglet vous est proposé. On pourrait qualifier l’interface de ce site comme faisant preuve d’un certain minimalisme cependant, il ne faut pas se méprendre, ce n’est absolument pas le cas de la densité d’informations que nous offre l’exploration de cette ressource.
Que trouve-t-on sur le site de l’Art Institute of Art ? Au delà des informations autour d’une future visite du musée ou de ses expositions qui ne nous intéresse pas spécialement dans le cadre cet article (je tiens tout de même à insister sur la politique du musée de convaincre véritablement tout type de visiteurs, de spectateurs, de public de l’importance de développer une culture artistique et d’aller au musée pour enrichir ces connaissances sur tel ou tel sujet puisque l’onglet « Learn » sur la page d’accueil propose différents types de projets, d’activités autour du musée suivant si l’on est un enfant, un adulte etc., on note la présence d’espaces plus particulièrement consacrés aux étudiants et aux professeurs. Suivant cet axe, cette ressource mise en ligne n’aurait pour but que de donner envi aux lecteurs du monde entier de venir visiter l’Art Institute of Chicago), le site internet de ce musée propose de multiples facettes de recherche, en effet, on a recours à de l’information grâce à différents types de supports numériques proposés par la ressource. Les deux onglets qui vont le plus nous être utile sont tout d’abord l’onglet « Collections » et l’onglet « Research » ainsi que l’onglet en forme de loupe à l’extrême droite en haut de l’écran dans le cas d’une recherche rapide ou lorsque l’on a pour sujet une œuvre précise par exemple. A noter que cette possibilité de recherche rapide va se retrouver sur l’ensemble des pages du site ce qui aide considérablement l’utilisateur à se repérer sur la ressource puisqu’il peut toujours retourner à sa recherche principale aisément sans se perdre dans le fil de ces lectures.
D’une part, dans l’onglet « Collections », plusieurs types de recherches s’offre à vous. On peut tout d’abord explorer des thèmes, sélectionner un secteur artistique sur la gauche de l’écran, au nombre de quinze. Ainsi, si nous sélectionnons « European Painting and Sculpture », un menu déroulant s’ouvre et on découvre « Impressionism and Post Impressionism » au cœur de nos investigations. Cependant, on note que l’on tombe sur l’ensemble des peintres impressionnistes. Heureusement pour nous, le site est bien pensé et favorise l’accès aux connaissances, au savoir pour tout type de public. Ainsi, il est possible de redéfinir notre sujet avec plus de précisions grâce à la barre latérale droite « Refine Search », on sélectionne alors l’artiste Auguste Renoir.
L’autre moyen de trouver les œuvres de l’artiste Renoir est de choisir dans la barre latérale gauche du site la recherche par ordre alphabétique, plus simple et rapide mais offrant à mes yeux moins de perspective de comparaison.
Il est appréciable de voir que l’Art Institute of Chicago conserve en son enceinte une soixantaine d’œuvres de Renoir. Cette collection, sans nul doute impressionnante, se caractérise surtout par son immense variété. En effet, nous avions déjà étudié notamment dans un article sur la Tate, le Renoir portraitiste et sculpteur que l’on retrouve dans l’œuvre « Water », statuette de bronze de 1916. Ici, on découvre une autre facette de l’art de l’artiste et de sa diversité : Renoir graveur et lithographe avec par exemple des études de nu et de baigneuses dont la plupart sont disponibles sur notre Flickr, mais aussi en tant que dessinateur, pastelliste avec par exemple l’oeuvre « Woman at a piano ».
On décèle ainsi tout le savoir faire de Renoir dans l’oeuvre « Studies of Aline Charigot » de 1885-86, mélangeant des techniques picturales diverses pour servir son étude de portraits et de nus féminins.
Mais plus encore, cela nous montre un aspect de l’œuvre de l’artiste que nous n’avions pas encore exploré jusque là, la manière dont Renoir conçoit ses œuvres et ses figures en différentes étapes artistiques, commençant par des ébauches ou dessins.
Il est en effet possible de faire la comparaison entre différentes gravures et peintures en couleurs. Pour exemple : une comparaison entre la « Seated Bather » de Renoir, une gravure de 1897 et la peinture « Baigneuse Blonde » de Renoir de 1881.
La comparaison de ces œuvres nous montre que le travail de Renoir reste basé sur la sensation, sur une spontanéité fondée sur des intuitions puisque il y a peu de variations entre les deux supports, on pourrait en déduire sans confirmation aucune que Renoir ne modifierait que très peu ces envies de représentations initiales, rajout de lumière, texture et couleur, qu’il serait doué d’une habilité naturelle qui lui permettrait de ne pas perdre de temps en croquis mainte et mainte fois reproduit comme le font certains artistes. Le thème du nu féminin chez Renoir est envisagé dans sa diversité sur ce site, c’est un thème sur lequel Renoir va travailler tout au long de sa vie, en utilisant pour ses expérimentations autour du corps de la femme, tout type de support.
Pour chaque œuvre, le site nous fournit une notice complète. On trouve le titre de l’œuvre, la date de sa conception, sa technique précise (parfois détails de tout les types de craies employées par exemple), ses dimensions et également des informations sur son acquisition. Il est possible d’agrandir les reproductions qui sont d’une qualité exceptionnelle et permettent de voir un grand nombre de détails de la touche de l’artiste, de la recomposition des couleurs etc. Néanmoins, les possibilités de zoom restent limitées.
On regrette cependant qu’il n’y ait aucune information historique concernant les œuvres présentées par exemple sur les modèles choisies dans certaines œuvres, on nous donne simplement les liens vers des articles qui citent l’œuvre ce qui ne suffit pas à mes yeux.
D’autre part, l’onglet « Research » nous apporte des outils supplémentaires à la compréhension et à l’appréhension de la collection de l’Art Institute of Chicago. En effet, on dispose tout d’abord d’un accès à un catalogue en ligne qui répertorie les différents ressources et ouvrages disponibles dans la bibliothèque qui est associée au musée. De plus, on nous offre la possibilité de consulter une base de données où le site répertorie à certains nombres de liens susceptibles de nous être utile dans nos recherches dans le domaine de l’art. Comme pour l’ensemble du site, la recherche est facilitée et précisée puisque que l’on peut sélectionner différents types de ressources selon ce qui nous intéresse, par exemple, des encyclopédies, des journaux en ligne, des iconothèques etc. On retrouve des ressources que nous avons déjà abordé lors de nos cours en Digital Humanities, par exemple ArtStor, l’Encyclopédie Britannica ou encore JSTOR.
Le site s’inscrit parfaitement dans le concept des Digital Humanities que nous avons déjà longuement étudié à travers son Manifeste sur le site ThatCamp. On distingue une volonté de diffuser du savoir en exploitant pour se faire toutes les possibilités qu’offre l’évolution du Web 2.0. L’accent se porte sur la communication des informations. Le site mise sur la multiplication des outils numériques pour toucher un public le plus large possible : dans un premier temps des outils d’édition, l’Art Institute of Chicago dispose de son propre blog et d’une newsletter ; dans un second temps, des outils de partage de données, le musée propose une chaine Youtube où sont régulièrement postées des vidéos sur les expositions, sur la politique de conservation des œuvres etc., un Flickr comprenant de nombreuses photographies en lien avec les différents évènements qui se déroulent à l’Institut, ou encore un Google Art Project qui regroupe 155 oeuvres de 102 artistes ; enfin, le musée est présent sur les réseaux sociaux, il a un compte Facebook et Twitter.
Petit bémol : Le site de l’Art Institute of Chicago n’est disponible qu’en anglais, ce qui est à l’encontre de sa politique en lien avec le partage numérique d’informations.
M. C